L’amant d’un jour

L’amant d’un jour

“In fact, much of Lover for a Day is built on rhyming schemes that permutate different arrangements of characters into the same type of situation: side-by-side conversations framed in close two-shot; people walking and talking in the street; even certain sex positions recur. One can detect here the influence of Chantal Akerman, particularly her triangular romance Night and Day (1991), with its serenely serial ‘eternal return’ of particular spoken phrases and physical gestures. Indeed, Garrel recalls the ‘lesson’ imparted to him by his late friend: ‘Everything must be rendered flat – on the same level.’ In this spirit, even the dream sequences in Lover for a Day (there are two, according to Garrel) are depicted like any other part of the story.”

Adrian Martin1

 

Marcos Uzal : Philippe Garrel tourne dans l’ordre chronologique des séquences, était-ce une expérience nouvelle pour vous ?

Renato Berta: « Non. Avec Rohmer, on a tourné Les nuits de la pleine lune de la même manière, en faisant des allers-retours dans les décors. Ça permet de réfléchir en avançant plan par plan et de mieux intégrer ce qu’il se passe sur le tournage. L’important est de se préparer, de poser les problèmes et de les résoudre à l’avance. Avec Philippe, on fait des repérages sérieux en nous interrogeant sur chaque plan. Et après, on peut tourner rapidement. Lors du premier jour de tournage de L’amant d’un jour, on a filmé en une nuit la partie qui débute par Esther Garrel pleurant dans la rue et qui se termine lorsqu’elle entre dans l’appartement de son père. De longs plans, dont certains avec des panoramiques, qu’il serait impossible de filmer si vite sur un tournage normal. »

Est-ce qu’il continue à ne faire qu’une prise par plan ?

Berta: « Oui, sauf problème technique. Il est très strict sur ce point, et les comédiens le savent. Je trouve ça très bien. Rohmer et De Oliveira préféraient aussi ne faire qu’une prise. Si on en tournait deux, Manoel n’en faisait tirer qu’une parce qu’il disait qu’on souffre trop à devoir choisir ! Le point commun entre ces metteurs en scène est qu’ils savent totalement ce qu’ils font. Philippe répète régulièrement avec les comédiens plusieurs mois avant le tournage et, le jour venu, c’est extrêmement rodé. La prise unique oblige aussi à une grande concentration. C’est comme une première au théâtre, ça se joue une fois pour toutes : c’est très préparé et en même temps il y a une tension qui rend le jeu plus intense. »

Il y a un détail particulièrement photogénique dans le film : les taches de rousseur de Louise Chevillotte…

Berta: « Elles m’ont posé des problèmes ! Selon les lumières ou les densités de gris, elles ressortaient plus ou moins. C’était difficile à contrôler. Ce détail est très représentatif du cinéma de Philippe. Sur la plupart des films, on abuse du maquillage pour rendre les peaux neutres et avoir une continuité. Au contraire, lui ne veut pas maquiller, il souhaite que les acteurs soient les plus naturels possible. Or un visage n’est jamais figé, il n’est pas tous les jours identique. En tournant dans l’ordre, c’est une chose que l’on peut montrer. »

Libération interview with cinematographer Renato Berta2

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CINEMATEK, Brussels