À propos de Sabzian

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Sabzian est une revue de cinéma international gratuit qui propose une réflexion approfondie et polyphonique autour de l’expérience et la culture cinématographiques contemporaines, par le biais de publications en ligne et en papier, de projections et d’événements. Source et moteur d’une pensée indépendante sur le cinéma, Sabzian jette un pont entre la cinéphilie nationale et internationale, entre le passé et le présent, entre l’imagination individuelle et collective. Chaque semaine, des textes nouveaux ou historiques, des traductions, des interviews et des nouvelles sont publiés, principalement en néerlandais, français et anglais. Enfin, à travers son Agenda, Sabzian dresse la carte du paysage cinéphile belge.

Sabzian a été fondé en 2014 par un groupe de cinéastes belges convaincus que la réflexion, la critique, l’écriture et la discussion sont indissociables du cinéma et de toute pratique cinématographique. Impossible d’envisager la vitalité du cinéma en tant qu’art sans considérer son sens collectif, sans prendre en compte les groupes et communautés de cinéastes, spectateurs et lecteurs qui, à travers un intense dialogue, mettent en mots les silhouettes à l’écran et les maintiennent en vie.

Une revue de cinéma, c’est un acte d’imagination et le témoin d’une foi et d’un amour pour le cinéma. Pour le critique de cinéma australien Adrian Martin, il n’y a pas de forme ou de contenu essentiel de la cinéphilie, mais elle est une “machine de guerre tactique et culturelle”, dont à la fois la puissance mobilisatrice et l’efficacité peuvent toutefois être discutées. Selon lui, “la cinéphilie est l’histoire de cent révolutions ratées. Parfois la grande guerre est presque entièrement imaginaire ; elle a lieu dans les colonnes d’un petit magazine quelque part, ou dans la programmation d’un obscur club de cinéma. Peut-être le missile à tête chercheuse lancé par la cinéphilie n’atteint rien en général. Mais les histoires, les histoires de cinéphilie en tant que passion motivante sont là pour de bon, si elles ont été écrites ou documentées ou saisies, si le témoignage est là, et si l’on peut le ressaisir à un autre moment ou dans un autre lieu.” Sabzian constitue l’une de ces centaines de tentatives pour la réflexion sur le cinéma au sérieux, loin des certitudes projetées, en tant qu’histoire continue des formes et des récits, pour élargir sans cesse et sans fin le spectre des futurs du cinéma.

 

Nema-ye nazdik, Abbas Kiarostami

 

Le nom Sabzian fait référence au personnage principal du film Nema-ye nazdik [Close-Up] (1990) du cinéaste iranien Abbas Kiarostami. Le film est né d’un fait divers inhabituel que Kiarostami découvre par hasard dans un journal. Un jeune chômeur de Téhéran, Hossein Sabzian, s’était fait passer pour le célèbre cinéaste Mohsen Makhmalbaf, avait trompé toute une famille, avait été arrêté et finalement pardonné par ses victimes, la cause de ses agissements ne semblant pas de nature criminelle. Sabzian s’était approprié l’identité du cinéaste par amour du cinéma. Kiarostami fait rejouer ces événements aux mêmes protagonistes et les juxtapose à des images du procès de Sabzian. “Le cinéma m’est indispensable”, déclarait Hossein Sabzian. “C’est comme un prisme. Un bon film… ça fait partie de ma vie. Chaque fois que je vois un bon film, je me sens renaître.” Sabzian n’est-il pas la figure du vrai cinéphile, tout entier absorbé par le prisme qu’est le film et qui tente de pénétrer dans la réalité par le biais du cinéma ?