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« C’est à la fois la possibilité de regarder vers l’avenir et d’envisager une poursuite pacifique de la lutte pour davantage de justice sociale. C’est aussi l’occasion de dresser un bilan sur leur combat. Là, le cinéaste redevient le critique des médias dominants en transposant sa grille d’analyse à la Colombie. La question de la représentation des Farc et de l’accusation de narcoterrorisme reprise en boucle pendant des décennies par les médias a en partie noyé leur message et terni la légitimité de leur lutte. Pierre Carles tente de remettre les pendules à l’heure. À la sienne en tout cas. En proposant un contre-discours qui fait des Farc des combattants contre l’oligarchie et la prédation des richesses. »
Michaël Mélinard
Collectif Ballast: Nous sommes confrontés, d’un côté, à des images de masse destinées à convaincre le plus de personnes et, de l’autre, à vos images. Vos films ont eu un impact : est-ce qu’on ne peut pas dire que vous faites également de la propagande ?
Pierre Carles: Oui, j’ai mis du temps à comprendre, mais il ne faut pas le nier ! Le cinéaste Bruno Muel, auteur de grands films engagés, que ce soit pour donner la parole aux ouvriers exploités de Peugeot (Avec le sang des autres), aux victimes du coup d’État militaire du général Pinochet (Septembre chilien) ou aux résistants colombiens (Rio Chiquito, Longues marches), a toujours revendiqué le terme de « propagande » pour qualifer son travail. Si la propagande revient à propager des idées minoritaires et des points de vue de dominés, il n’y a aucun scrupule à avoir à en faire. Toutefois, j’espère que nos lms laissent une liberté au spectateur en étant quand même moins contraignants que des lms militants, des œuvres propagandistes traditionnelles ou tout simplement des programmes de télévision. »
Collectif Ballast en conversation avec Pierre Carles
« Au début de l'histoire de Pierre Carles, tout à la fois avec la Colombie et avec le cinéma, il y a eu Duni Kuzmanich. Ce cinéaste chilien, militant du MIR, a dû fuir le Chili après le coup d'État de Pinochet, avec sa compagne, la mère de Pierre Carles. Tous deux trouvent refuge en Colombie où Duni réalise plusieurs films, travaille pour la télévision et enseigne le cinéma à Medellín. Les premières images de Guérilla des Farc, l'avenir a une histoire datent de 2009 et elles sont filmées par un étudiant de Duni, qui enseignait alors à Medellín, nous raconte Pierre Carles, qui évoque sa « dette » à l'égard de son beau-père. Celui-ci fut le premier à raconter en fiction, dans le film Canaguaro (1981), l'origine de la guérilla paysanne sans la caricaturer, explique Pierre Carles. »
Isabelle Le Gonidec