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Jean-Luc Douin: Dans quelles conditions avez-vous pu réaliser L'attentat ?
Yves Boisset: On a tout fait pour m'empêcher de réaliser le film. D'abord, j'avais obtenu l'avance sur recettes. Elle me fut brutalement supprimée, sous un prétexte ténébreux : le dossier déposé était prétendument non valide. Puis j'ai dû encaisser un nombre incalculable de refus d'autorisation de tournage, pour des motifs administratifs plus ou moins justifiés. On ne me refusait jamais officiellement un lieu pour des raisons politiques, à cause de la coercition morale du script ou de la violence de certaines scènes, mais toujours pour des raisons hypocrites d'"entrave à la circulation". Ainsi, j'ai dû tourner à la sauvette, en images volées, avec une caméra planquée dans une voiture, ou à l'étranger, toutes les scènes se déroulant dans un aéroport, une gare, certaines rues. Ou bien dans des banlieues rouges, où la préfecture de police n'avait pas autorité.
Yves Boisset en conversation avec Jean-Luc Douin