Hitler, connais pas

Hitler, connais pas

Young parisians speak about their life, their hopes and fears, and about love.

 

« Il s'agit uniquement de onze jeunes qui ont, ou qui vont avoir vingt ans en 1963. Onze personnages c'est tout... choisis dans le but de faire un spectacle et non une enquête. » 

Bertrand Blier

 

“What we have here is eleven young people who are, or who will be twenty in 1963. Eleven characters, that's all... chosen to be in a show, not an enquiry.”

Bertrand Blier

 

« Dès mon travail de préparation, j'envisage les procédés qui vont me permettre de surprendre. J'aime, en particulier, utiliser les poncifs ou les structures dramatiques classiques en m'en servant de base. Puis je les retourne comme un gant. Ça casse les émotions. »

Bertrand Blier1

 

« Un studio de cinéma, vaste cage de fer silencieuse, inhospitalière. Des caméras tapies dans l'ombre, comme des bêtes prêtes à bondir. Soudain un crépitement, un éblouissement de lumière. Sagement assise sur une chaise, prisonnière de tout l'appareillage technique que nécessite la naissance d'un film, une jeune fille parle. Elle répond à des questions que nous n'entendons pas. Elle raconte une histoire, son histoire: comment elle a été abandonnée avec un bébé par son amant. Sur l’écran un garçon lui succède, qui, lui, faillit devenir un voleur, puis d'autres garçons, d'autres filles. Tous nous parlent d'eux-mêmes, de leurs parents, de leur travail, de leurs distractions, de leurs amours, de leurs expériences heureuses ou malheureuses, de leurs projets. Ils sont onze à prendre ainsi alternativement la parole. Ils viennent des milieux sociaux les plus divers, ils ont des caractères, des ambitions, des préoccupations totalement opposés. Un seul lien les unit: leur âge. Ils ont moins de vingt ans, ils sont nés après la dernière guerre. Ce sont les personnages d’Hitler, connais pas.

Un curieux film, en vérité, que ce film réalise par Bertrand Blier, et qui risque de provoquer plus d'un malentendu. Sa forme, déjà, est déroutante. À première vue il s’apparente aux enquêtes et aux expériences de cinéma direct d'un Jean Rouch par exemple. Hitler, connais pas est un film sans scénario et sans acteurs professionnels. Mais cette ressemblance n'est que superficielle. En effet, tandis que Jean Rouch cherche à «surprendre» la réalité et à nous la livrer à l’état brut, en limitant au maximum dans son travail l'intervention humaine, Bertrand Blier, dans Hitler, connais pas, n’a cessé de «faire du cinéma», tant au stade de la prise de vues qu’à celui de la mise en ordre finale. Non seulement il a imposé à ses personnages les diverses servitudes du rituel cinématographique – maquillage, éclairages, essais de voix, etc. – mais il a utilisé avec une entière liberté, selon son goût, et dans une perspective artistique qui lui était personnelle, les documents ainsi obtenus. »

Jean de Baroncelli2

  • 1Gaston Haustrate, Bertrand Blier (Paris: Edilig, 1988), 115.
  • 2Jean de Baroncelli, “Hitler, connais pas,” Le Monde, 29 July, 1963.
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UPDATED ON 01.02.2021