Manon has been a defendant in the Tarnac case for ten years, accused with eight other people of participating in a terrorist undertaking while sabotaging high-speed lines in France. As their trial approaches, Audrey Ginestet takes her camera to join the group of women who helps Manon preparing her defense.
FR
« Une arrestation à son domicile, par 150 policiers cagoulés de la brigade antiterroriste. Quatre-vingt-seize heures de garde à vue. Deux semaines d’incarcération à Fleury-Mérogis. Un an sous contrôle judiciaire, avec signature hebdomadaire au commissariat de Limoges. Une interdiction de sortie du département de la Corrèze, et de voir les autres inculpés. Enfin, au bout du tunnel, et sans compter les jours, les nuits de peur et d’incertitude, trois semaines à 500 km de son domicile, de sa fille, de son foyer, pour assister à son procès. Voici quelques faits de la vie de Manon Glibert après sa mise en examen, le 11 novembre 2008, pour « association de malfaiteurs à visée terroriste et dégradation en réunion sur des lignes ferroviaires dans une perspective d’action terroriste ». Soit sa participation supposée à un acte de sabotage sur des caténaires de Haut-Clocher (Moselle), puis en 2009 sur un autre point de l’affaire dite « de Tarnac », du nom de la commune du plateau de Millevaches où Glibert a établi domicile dans une ferme en déréliction, le Goutailloux, et investi un commerce local, le Magasin général, pour le transformer en lieu de vie collective et de culture. »
Olivier Lamm1
« Relaxe est le premier long-métrage documentaire d’Audrey Ginestet, ingénieure du son, mixeuse, et également bassiste au sein du groupe Aquaserge. Devant la caméra, la principale protagoniste du film est Manon Glibert, qui joue de la clarinette dans le même groupe. Le film n’est pas un documentaire musical sur ce groupe, l’un des plus inventifs et exaltants de la scène française. Seule une séquence montre, incidemment, une séance de répétitions du groupe.
Le film évoque un tout autre sujet, aux implications lourdes et aux ramifications tortueuses : la préparation du procès du dit « groupe de Tarnac » (tenu en mars 2018), dont faisait donc partie Manon. Information pas si connue que ça, même en suivant aussi attentivement la scène musicale contemporaine que l’actualité.
Même si l’on ne voit qu’à peine Aquaserge dans le film, convoquer la figure du groupe n’est pas si incongru. La musique d’Aquaserge est faite d’une matière sonore hybride et joyeuse, un free-rock qui n’a pas peur des morceaux longs, aime les ruptures de rythme, passe de la stase planante aux à-coups bruitistes, tout en scandant des hymnes oulipiens et des mots d’ordre dédiés au plaisir et à l’amitié. Bref, Aquaserge est un groupe insaisissable, rétif à toute étiquette, remodelant sans cesse ses propres formats. Et de loin en loin, au-delà de l’affaire Tarnac, Relaxe procède de la même logique. C’est un film qui déjoue les étiquettes et nourrit son écriture de son propre processus de recherche. »
Joachim Lepastier2
- 1Olivier Lamm, « Relaxe, l’enfer intime de l’affaire Tarnac, » Libération.
- 2Joachim Lepastier, « À l’écoute - sur Relaxe d’Audrey Ginestet, » AOC, April 2023.