EN
“This is Cairo Station, the heart of the capital. Every minute one train departs and every minute another one arrives. Thousands of people meet and bid farewell. People from North and South, natives and foreigners, people with and without jobs.”
Opening voice-over
“Shot on location in Cairo’s Central Station, this great film was booed at its Egyptian premiere, including by Chahine’s own family members. Playing the poor, sexually obsessed beggar of Cairo himself, Chahine severely disrupted Egyptian cinema’s tradition of sugary love stories and melodramas. Over time, the film has become a major classic of Arab cinema, the embodiment of a nascent Egyptian neorealist style. The truth is that Bab al-hadid offers a brilliant combination of genres, from documentary (the inner life of the station is posited as a microcosm of Egyptian society torn between modernity and tradition), to social realism (the porters’ strike) and the cop thriller. Youssef Chahine loved to say that it was television that made this film: the elites of Egyptian cinema may have hated it, but ordinary Egyptians loved it.”
Tewfik Hakem
FR
« Youssef Chahine est notre dernier interlocuteur du monde arabe. »
Serge Daney
« Le sujet ? Je l’ai pris d’un fait-divers. Et j’ai su tout de suite que je voulais, que j’avais besoin de l’interpréter, que je serais le personnage principal. Kennawi me représentait, psychologiquement, à 90%. Il subissait les mêmes répressions qu’alors je subissais, et il m’était aussi difficile d’en admettre la nécessité que de m’en débarrasser… Bab el-Hadid est un de mes meilleurs films. J’aime qu’il dise beaucoup de choses sans didactisme. Quand il est sorti, la surprise a été si forte que je me suis fait cracher au visage, partout ! Or, il est répond à un besoin très profond. Je crois que, sans qu’un film soit conçu à partir de données politiques réfléchies, le seul fait qu’un people se voie vivre peut conduire à une oeuvre forte. Je me moque que Bab el-Hadid appartienne à une lignée, à une tradition – l’histoire du cinema ne m’intéresse pas, elle n’est pas mon affaire, comme on dit. Je sais que ce film m’appartient, à moi; qu’il me représente. Je ne sais pas si je commence quelque chose ou non, si j’ouvre des portes ou non. Je fais un film. »
Youssef Chahine
« A sa façon, Youssef Chahine contient à lui seul tout le cinéma. A peine sorti d’Alexandrie et de la Californie où il apprend les dures lois du spectacle, celui qui va devenir le plus grand cinéaste arabe fait irruption à la fin des années quarante, une époque où son système de studios permet au cinéma égyptien d’être un des plus vivants au monde. Virtuose du cinéma de genre où il fait sans cesse passer des beautés incongrues et des propositions hétérodoxes – comédies, film d’aventures, mélodrames, comédies musicales et autres épopées – il sera pourtant, dès son deuxième film, Le fils du Nil, tenté par le néo-réalisme. Ce penchant trouvera sa ligne de plus grande pente avec Gare centrale qui marque le point d’orgue de la première partie de sa carrière. [...] Le cinéma de Chahine est un cinéma de la contradiction et de la division, là où on attend trop souvent des certitudes et des frontières bien établies. Là est sa grandeur et sa puissance vitale. »
Thierry Jousse