Paris, mid-90s, summer. Louise has just left the clinic having woken up from a five-year-long coma, and finds she inherits a house from her aunt as well a family plot involving her father. Ninon is a petty thief who begins a job as a courier, but fears she has been caught stealing by Roland, a set decorator who works across the street. A friendship between Ninon and Louise forms through Roland. Meanwhile, Ida, a librarian, searches for her birth mother. Paris transforms such that life becomes a musical.
Libération: The inspiration for Haut, bas, fragile?
Jacques Rivette: The MGM low budget movies of the 50’s that were shot in four or five weeks on sets left over from other films. In particular, a Stanley Donen movie, Give the Girl a Break, a simple film shot in next to no time with short dance numbers.
Extract from the interview with Jacques Rivette by Gérard Lefort, Marcus Rothe and Olivier Séguret for Libération
“I always dreamed of the musical comedies that Rivette would have made in the fifties, if he had been American (Quine or Walters), for his watchword would have been ‘the show must go on.’ Yes, but what show?”
Serge Daney in Trafic no. 1
“The gesture of the dance is the means by which a witness can move forward: after having danced with her blue folder, Louise can finally tear up the papers enclosed in it. The gesture of the dance is an appropriation, a repatriation: different from the unusual gesturing, theatrical or paratheatrical, which animated the characters of Rivette’s preceding films with surprising poses, the choreography of Haut bas fragile, even in its awkwardness, comes to terms with the everyday. There are no more magic or hallucinations; the street combat against stone lions in Pont du Nord has come to an end; the exaggerated gestures of Céline and Julie (and its memorable game of Grandmother’s Steps signalled by the count of “one, two, three”) are suspended indefinitely: the musical comedy permits its characters to go back into the world, theirs and ours. Repatriated within our common world, they discover the rules of its game. Each musical number is built upon the exploration of one of these rules, upon an initiation as jubilant as it is simple and moving: an apprenticeship in the dynamics of strength, in declarations of love and friendship, in conversation (the lovely dance of Louise and Ninon), in adulthood (Louise’s dance to recover her past). A subterranean progression reunites the duel parallel trajectories of Louise and Ninon, and Ida: all three leave behind a solitary world, populated by those false friends that are fantasies and lies, moving past them through dance or through flight, to be finally reunited with memory, which is life itself. The cinema of Rivette has laid to rest these phantasms, and the Phantom Ladies have come back to live among us.”
Hélène Frappat1
« Je ne cherche pas l'égalité, la perfection. Presque tous les films que j'aime sont des films inégaux et ça m'est égal qu'ils le soient. (...) Je pense que quand il y a eu des erreurs sur un tournage, il faut les respecter. C'était un de mes grands points de désaccord avec François Truffaut qui pensait qu'il fallait faire le tournage contre le scénario et le montage contre le tournage. Moi, j'essaye de faire en sorte qu'il n'y ait pas d'avant. Ou du moins très peu. Si auparavant je pensais qu'un film se faisait au montage, je pense maintenant que tout se passe au tournage : s'il y a un avant tournage et un après tournage, c'est par la force des choses. Un film est une chose organique. C'est un organisme comme n'importe quel corps. Les corps sont plus ou moins harmonieux, mais ce qui est important, c'est qu'ils marchent : je veux dire qu'il soient autonomes, vivants, avec leur défauts et éventuellement leur infirmités. C'est mon seul critère dans la préparation, le tournage ou le montage : essayer de faire que ça fasse une grande courbe. (...) Le modèle pour Haut Bas Fragile, c'est les petits films de la Metro Goldwin des années 50 tournés en quatre ou cinq semaines dans des décors déjà existants. Je pensais beaucoup à un film de Stanley Donen Give the Girl a Break, un film simple tourné très vite avec seulement des numéros de danse. (...) Le point commun entre La Bande des quatre, La Belle Noiseuse, Jeanne et Haut Bas Fragile : ce sont des films sur les corps des comédiens : sur la scène de théâtre, dans l'atelier du peintre et puis dans Jeanne, où les défis physiques étaient évidents, se battre, monter à cheval, etc. J'ai envie de filmer les comédiens de haut en bas, c'est comme avec les maisons : les pieds sont aussi importants que la tête. On pourrait dire que j'aime bien filmer avec les pieds. »
Jacques Rivette2
« J'ai posé la question à Marianne Denicourt et à Nathalie Richard : "Est-ce que tu es libre cet été ? ". Elles me disent qu'elle n'ont aucun projet. Donc, on se voit. Qu'est-ce qu'on a envie de faire ? et je me suis souvenu qu'elles avaient toutes les deux fait de la danse, avec une formation assez différente - plus classique pour Marianne, plus moderne pour Nathalie, qui a même débuté sa carrière dans la danse. On a donc commencé à se dire que ce serait bien qu'elles bougent beaucoup. Et pourquoi pas un peu la danse, la comédie musicale ? Et je me suis demandé pourquoi il n'y aurait pas un leitmotiv de décors de boîte, de dancing. Là, j'ai eu envie qu'Enzo chante Les Naufragés volontaires, filmée en plan séquence. Ensuite il me semblait évident que les histoires des deux filles seraient des histoires parallèles. J'avais envie de deux films qui se croisent. La troisième fille est arrivée après. (...) On a débuté avec l'idée de Paris entre le 14 juillet et le 15 août et avec celle de ces deux jeunes filles, l'une riche, l'autre pauvre. L'une qui peut se balader comme ça, les mains dans les poches, l'autre qui a besoin de gagner des sous. Très vite le boulot de coursier nous a paru une bonne idée, sur les principes classiques du messager. »
Jacques Rivette3
- 1Hélène Frappat, “Rivette and Strong Sensations,” The Cine-Files, Issue 12, spring 2017. The original French text first appeared as “Rivette et les sensations fortes” in Trafic 16 (Décembre 1995), 63-71.
- 2Gérard Lefort, Marcus Rothe et Olivier Séguret, « Jacques Rivette: « J’aime les films inégaux »,» Libération, 12 avril 1995.
- 3Frédéric Bonnaud, « Entretien,» Les Inrockuptibles, 12 avril 1995.