FR
« Et puis surtout Des morts frappe par sa construction narrative et son montage d'une grande habilité qui servent une idée cosmogonique : l'homme n'échappe pas aux lois de la nature ; ses rites et ses coutumes, qui ne font que maquiller la dureté du réel, sont intégrés à son rythme et à sa cruauté. C'est pourquoi il ne faut pas s'étonner que les réalisateurs recourent parfois à de la musique légère ou laissent chanter les oiseaux. Les activités humaines ne sont que d'autres formes de bruits qui coexistent avec ceux de la nature. De leur croisement découle une vision poétique et spirituelle du monde au service d'une sorte de calendrier cyclique et mortuaire qui ressemble, par sa primitivité, à ceux des premiers grands peuples amérindiens ou arabes. »
Guillaume Richard
« Il [Thierry Zéno, nvdr] m'avait raconté d’ailleurs par rapport au tournage Des morts, qu'il ne s'agissait pas d'un « film d'anthropologue » et pour moi, il s'agit vraiment d'un film visionnaire qui ne fait pas du tout d'anthropologie. Et cette question de « que fait-on du cadavre ? » est vraiment problématique d'autant plus aujourd'hui où tout est caché, où il n'y a plus de rituel. Ce film ayant été fait il y a plus de quarante ans, on voit bien qu'aujourd'hui il y a très peu de manifestations autour de la mort. Ça l'aurait intéressé je crois, ce non-mythe par rapport à la mort et son effacement complet et absolu. Ce qu'il me disait également c'est que pour Des morts, il ne s'agissait pas d'un film bien produit pour lequel il aurait tourné trois mois, non, c'était vraiment la grande aventure. Ils ont eu de l'argent pour s'acheter trois billets pour faire le tour du monde. Ça se faisait.”
Guy-Marc Hinant