African migrants in Paris talk about everyday life and racism on the labour and housing markets.
“I wanted to show that these workers aren’t eating anyone else’s food, and that they hardly get what is theirs by right. And to show how they live, and what their problems are, their difficulties, their contradictions, all of them things that European workers know but poorly.”
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« J’étais toutefois devenu un cinéaste reconnu parmi d’autres en Afrique, il me fallait donc poursuivre dans la voie que je m’étais tracée. Je me suis mis en tête de faire un second film. J’écris donc un scénario, Les Bicots-Nègres, vos voisins, que je propose à des producteurs. En vain. Me voilà contraint de réaliser ce second film tout comme le premier, dans des conditions précaires avec des moyens dérisoires. La trame du film portait sur l’analyse de la situation des immigrés parqués dans des foyers mais aussi de leur attitude et de leurs réactions face à l’exploitation quotidienne dont ils sont l’objet. Le film était à l’évidence ambitieux et se déroulait à deux niveaux : d’une part les immigrés qui vivaient une situation concrète, et moi je greffais là-dessus une fiction s'inspirant des problèmes rencontrés par eux. J’y introduisais aussi une réflexion sur le cinéma : quel cinéma faire ? A qui doit-il s'adresser ? etc. Aux forceps, je termine mon film qui, en 1974, est en compétition au festival de Carthage où il obtient le grand prix. D’autres distinctions viendront le récompenser dans différentes manifestations internationales. Mais tout cela ne nourrit pas son homme. Pour vivre, je fais du doublage d’acteurs noirs américains dans certains films. »
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« Je reviens au cinéma. Je dis : « Attention, mes frères, nous allons avoir un cinéma dit africain, où les cowboys feront place à des féodaux costumés à l’africaine, à de belles négresses et ces gens-là vont nous trahir de nouveau. » Et je dis pourquoi il y a des riches et des pauvres, pourquoi on nous donne les Champs-Élysées comme modèle et pas les douars et les bidonvilles. Il faut nous méfier de nos propres frères. Prenez le racisme par exemple. On n’est pas raciste avec n’importe qui. On n’est pas raciste à l’égard de tel ou tel chef d’État africain. On est raciste avec les pauvres. Donc ce n’est pas un problème de nationalité, ou de race mais de classe. »
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- 1Med Hondo in Dominic Richard David Thomas, Africa and France: Postcolonial Cultures, Migration, and Racism (Bloomington: Indiana University Press, 2013), 131.
- 2Med Hondo dans Ibrahima Signaté, Med Hondo, Un Cinéaste Rebelle (Paris: Présence Africaine, 1994), 23-24.
- 3Med Hondo dans « Je suis un immigré. Propos recueillis par Noureddine Ghali », Le cinéma de Med Hondo. Textes originales allemands et français 1970-2020 (Berlin: Archive Books, 2021), 55.