Soy libre

Soy libre

Arnaud is looking for his place in society. Soy Libre shows his insatiable desire for freedom on a nearly ten year long quest, which brings him from Northern France to Spain to Peru. A portrait of a little brother growing bigger and bigger, through the eyes of his elder sister.

EN

“The confrontation between sister and brother, between the filmmaker and her subject, also reveals the structure of the world. Portier leads a different life than Arnaud. She went to art school and ended up in a different social milieu. Arnaud reflects a different social trajectory. She has become a filmmaker, has been able to build a different life. He is lost, searching for a new place to stay. This tension is expressed literally several times. When Arnaud struggles with his broken-down scooter, he resents his sister for filming him. Conversely, Portier bites back when her brother strikes a pose in front of the camera, presenting himself as a certain ‘type’ of juvenile delinquent. The question of a big sister’s responsibility for her little brother is reflected in the tension between the documentary filmmaker and her subject. The images in Soy libre are snapshots of an elusive existence. In this interplay of appearing and disappearing, a dance between brother and sister emerges, a constant moving in and out of the frame, as if Arnaud were playing cinematic hide-and-seek with his sister. More and more, his sister becomes an outsider in his world. “Am I ruining your life by filming you?” she asks at the end of the film. Arnaud literally sinks under the image. The camera disrupts his relation to his new surroundings. The film frame is no longer welcome.”

Gerard-Jan Claes and Tillo Huygelen1

  • 1Gerard-Jan Claes and Tillo Huygelen, “Out of the Frame. On Soy libre (Laure Portier, 2021),” Sabzian, 10 May 2023.

NL

“In de confrontatie tussen zus en broer, tussen de filmmaakster en haar onderwerp, reveleert zich ook de structuur van de wereld. Portier leidt een ander leven dan Arnaud. Ze volgde een kunstopleiding, wat haar in een ander sociaal milieu deed belanden. Arnaud weerspiegelt een ander maatschappelijk traject. Zij is filmmaakster geworden, heeft een ander leven kunnen opbouwen. Hij is verloren, op zoek naar een nieuw onderkomen. Deze spanning wordt een aantal keren letterlijk uitgesproken. Wanneer Arnaud worstelt met zijn defecte scooter, neemt hij het zijn zus kwalijk dat ze hem aan het filmen is. Omgekeerd reageert Portier fel als haar broer zich een beeld aanmeet voor de camera, zich presenteert als een bepaald “type” jeugddelinquent. De vraag naar de verantwoordelijkheid van een grote zus voor haar kleine broer weerspiegelt zich in de spanning tussen de documentairemaakster en haar onderwerp. De beelden in Soy libre zijn snapshots van een ongrijpbaar bestaan. In dit spel van verschijnen en verdwijnen ontstaat een dans tussen broer en zus, een voortdurend binnen en buiten beeld bewegen, als speelde Arnaud filmisch verstoppertje met zijn zus. Meer en meer wordt zijn zus een buitenstaander in zijn wereld. “Ruïneer ik je leven door je te filmen?” vraagt ze aan het einde van de film. Arnaud laat zich letterlijk uit het beeld wegzakken. De camera verstoort zijn relatie tot zijn nieuwe omgeving. Het filmkader is niet langer welkom.”

Gerard-Jan Claes en Tillo Huygelen1

 

“Elke zus weet dat het spel der provocatie de enige manier is om een roekeloze broer te laten spreken. In de mooiste scène filmt Portier haar broer terwijl hij op een boomstam balanceert. “Zo kan ik niet denken. Je zet me neer als een aap.” De zoektocht naar vrijheid zit in de afwijzing van Portiers scenario. Hij begint haar strategie te ontgroeien. De filmmaker toont zich kwetsbaar: “Hoe heeft hij het leven lief? Heeft hij het leven lief genoeg?” Misschien was ze vergeten dat haar geprivilegieerde positie hem kwetsbaar maakte. Ze moeten de spelregels veranderen om hun relatie voort te kunnen zetten. Pas wanneer hij toegeeft zichzelf niet van het leven te zullen beroven, is zij hiertoe bereid. Hij mag van de stronk af nu, het wilde bos in: “Laure, zullen we niet op het pad blijven?”

Arnaud spreekt over het leven met woorden als “een doel”, “de neveneffecten”, en “opnieuw beginnen”. Hij construeert concepten over de zin van het leven, alsof hij weet wat hij wil. Zijn veilige constructie valt in duigen wanneer hij op bezoek gaat bij zijn doodzieke grootmoeder. Tijdens hun gesprek ondergaat hij een soort wedergeboorte. Zij doet hem tot tranen toe inzien dat hij droomt van iets heel simpels: “Een vrouw en kinderen.” Andersom doet hij zijn oma ook iets inzien: ze wist niet dat hij zo fragiel was. Na het uitspreken van Arnauds droom filmt Portier hem slapend, zonder gebalde vuisten.”

Annelein Pompe2

FR

« Dès le tout premier plan de son long métrage, saisi de l’arrière d’un scooter piloté par Arnaud et qui nous la rend présente dans son dos, fermement agrippée à lui, Soy libre s’impose comme l’exercice d’un regard et la mise à l’épreuve d’un point de vue associant deux êtres qui s’aiment indubitablement. « J’ai toujours été frappée de voir comment, quand nous étions côte à côte, nous ne posions jamais notre regard sur la même chose. Pourquoi je pose mon regard sur ceci ou cela est une question de cinéma qui m’intéresse beaucoup », explique Laure Portier, qui exerce par ailleurs le métier de cadreuse. Elle le pratique ici avec un sens très réfléchi du rapport à l’autre – sans que l’un prenne jamais longtemps le pas sur l’autre ou, pour être précis, sans que l’un soumette le sujet filmé à l’autorité du filmeur, ni que l’autre fasse trop le malin devant la caméra, la rassasie de stéréotypes pour éviter de se dévoiler.

En matière de stéréotypes, Arnaud en connaît un rayon pour en avoir endossés de pesants dans son enfance malmenée, jusqu’à en être prisonnier. Ceux du mauvais garçon roulant des mécaniques, délinquant de banlieue voué à multiplier les mauvais coups pour finir aux Baumettes. « Comment se défaire d’une sale image, s’interroge Laure Portier ? Le regard qui s’est posé sur lui a conditionné celui qu’il est devenu. » »

François Ekchajzer1

 

« La relation entre la portraitriste et son modèle ressemble à une collaboration artistique. Plusieurs scènes évoquent le film en cours, le film en train de se faire. Mises en abîme qui ne cherchent jamais à faire croire au public qu’il s’agit sur l’écran d’une vie sans filtre mais d’une vie saisie par le cinéma. Arnaud n’est pas un personnage soumis à sa « grande soeur-à-la-caméra » ; en voyage par exemple, c’est lui qui se filme, c’est lui qui se met en scène. Et indéniablement, il possède lui aussi certains talents de réalisateur, le sens du cadre, une application à fabriquer des « prises » utiles au montage, le flair de savoir rester silencieux lorsqu’il enregistre son réel. Ces séquences, ces « auto-séquences », ont même un style moins saccadé, moins mouvant, que dans les plans filmés par la réalisatrice, qui affectionne de suivre, caméra au poing, l’agitation, l’agilité de son petit frère, ce jeune téméraire. »

Benjamin Genissel2

 

« Il y a la trajectoire d’Arnaud d’une part et de l’autre, ce qui fait lien. Ce qui nous lie, nous délie et nous relie, notre amour fraternel. Et notre manière de nous battre et nous débattre dedans (je parlais aussi plus haut, par exemple, de briser tout rapport vertical à l’autre, avoir de l’ascendance sur). Mais aussi de faire lien dans sa propre filiation. Comment devient-on père si on a tant manqué ? Le film fini vient réinterroger le début de l’histoire. Et faire lien avec le monde. Trouver sa place. »

Laure Portier3

 

« Portier ne se force pas à dissimuler l’artificialité de son film : le jeu est mis en place des deux côtés. « Je crois que j’utilise le mot ‘sincère’ dans le film. Le ‘vrai’ m’importe peu, et encore moins quand il s’agit de cinéma. Le film, c’est l’endroit où l’on se rencontre, un espace commun, un moyen de nous transcender, au-delà de notre propre réflexion sur le monde et notre propre condition. » Au début de Soy Libre, Arnaud dévale la route à toute vitesse en scooter avec sa sœur à l’arrière, caméra à l’épaule. Vitesse qui la met audiblement à rude épreuve. Elle doit continuer à filmer son frère, garder la caméra droite, faire la mise au point. La scène résume bien ce que Soy Libre met en jeu. Tout comme Arnaud se déplace dans l’espace physique, il se déplace dans le cadre filmique, se réinventant constamment et façonnant à volonté la manière dont il apparaît à l’image. Le souhait de Portier n’est pas de comprendre Arnaud. Après tout, la compréhension n’est qu’un autre cadre imposé. « Pour moi, c’est le corps qui doit réagir avant l’esprit : si mon corps l’a compris, le reste suivra. » Soy Libre est une invitation à accompagner Arnaud dans sa quête de liberté, et la tentative d’une sœur de le suivre. »

Tillo Huygelen4

  • 1François Ekchajzer, “Soy libre”: le bel exploit documentaire de Laure Portier... et de son frère”, Télérama, mars 2022.
  • 2Benjamin Genissel, ““Soy libre” de Laure Portier : La plus grande émotion en filmant le plus simplement”, Le blog documentaire, mars 2022.
  • 3Cédric Lépine, “Entretien avec Laure Portier pour son film Soy Libre”, Mediapart, mars 2022.
  • 4Tillo Huygelen, “Perspective : Soy libre,” Avila.
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