Shot on 16mm, Clémenti’s dystopian vision of Paris is called Necrocity, a hedonistic netherworld where state police (with the chief played by Clémenti himself) chase gangsters through a hazy, heroin-fueled nightlife.
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« Ayant réussi à maîtriser la technique et découvert toutes les subtilités de cette caméra géniale, je me lançais caméra à la main dans ma première fiction politique. […] La première projection eut lieu au musée d’Art moderne de Beaubourg. Le film fut montré avec une vingtaine de musiciens. Y participaient également les acteurs du film en un vaste happening pour sa sonorisation en direct. L’effet du direct dépassa mes espérances. Le public se fondit en une rumeur et un chant si puissants, émotionnellement et vocalement, que la sécurité jugea qu’il y avait danger et arrêta la projection. »
Pierre Clémenti1
« À l’ombre de la canaille bleue a été en partie tourné entre 1978 et 1979 mais, comme toujours avec Clémenti, suivant des moyens autonomes : une caméra Beaulieu muette, avec laquelle il tourne des scènes jouées, quand il en a l’envie ou les moyens, et qu’il laisse en suspens, le temps de pouvoir les monter, les doubler, les synchroniser avec une musique. Le tout prendra sept ans, même si on trouve la trace d’une projection le 8 octobre 1980 au Musée National d’Art Moderne avec un accompagnement musical joué live. C’est un polar politique en vers libre qui, formellement, dérive la nuit dans un Paris totalitaire, rebaptisé Necrocity, qui va de Bastille à La Goutte-d’Or. Un film qui se cache dans les arrière-salles des cafés arabes de Belleville, où Hassan le « bougnoule sexuel » (ainsi désigné dans le titre alternatif, et joué par Achmi Gachem, cosénariste du film), la prostituée toxicomane Seringue (jouée par Nadine Arnoult, compagne de Pierre Clémenti), sa copine Marie La Galère, ou encore Sim (joué par Simon Reggiani) sont les protagonistes d’un récit futuriste rongé par l’héroïne et la paranoïa, happé par la répression menée par le Docteur Speed (Jean-Pierre Kalfon) et le général Korzacouille (Clémenti lui-même, qui joue aussi le rôle de Flash, le drogué) : il y a ici quelque chose du burlesque malade de William S. Burroughs faisant surgir sur la scène d’un théâtre paranoïaque, des conflits sans logique apparente et des personnages pourchassés par un ordre à détruire. Le plus punk et le plus urbain, le plus volontairement en désordre des portraits du Paris de la fin des années 1970. »
Philippe Azoury2
- 1Nicole Brenez & Christian Lebrat, Jeune, dure et pure ! (Paris: La Cinémathèque française, 2000).
- 2“À l’ombre de la canaille bleue,” La Cinémathèque française.