In Nazi-occupied Paris, the immoral art dealer, Robert Klein, leads a life of luxury, until a copy of a Jewish newspaper brings him to the attention of the police, linking him with a mysterious doppelgänger.
« Si le juif n’existait pas, l’antisémite l’inventerait. »
Jean-Paul Sartre
“It is difficult to reach the purity of the impulse-image and particularly to stay there, to find in it sufficient opening and creativity. The great directors we call naturalists are the ones who did. Losey (American, but so slightly...) is in fact the third, the equal of Stroheim and Bunuel. His whole work is situated within naturalist co-ordinates, while he renews them in his own way, as did his two predecessors. In Losey, what appears first is a very special violence which permeates or engulfs the characters, and precedes any action (an actor like Stanley Baker seems gifted with this violence which singles him out for Losey). It is the opposite of the realist violence of action. It is a violence in act [en acte], before coming into action. It is no more linked to an image of action than it is to the representation of a scene. It is a violence which is not merely internal or innate, but static, whose only equivalent is that of Bacon in painting, when he summons up an ‘emanation’ which arises from an immobile character, or that of Jean Genêt in literature, when he describes the extraordinary violence which can be contained in a motionless hand at rest. [...] In Losey’s world of impulses, perhaps one of the most important is ‘servility’, raised to the state of true elementary human impulse: ‘in act’ [en acte] in the servant, but latent and erupting in the master, the lovers and the child (even Don Giovanni is not exempt from this). Like parasitism in Buñuel, servility is a feature of master as well as servant. Degradation is the symptom of this unversal impulse to servility, to which correspond the ensnaring mirrors and spell-working statues, like so many fetishes. Fetishes even appear in the disturbing form of ‘vults’, with Mr Klein’s Kabbala, or, above all, the belladonna of The Go-Between.”
Gilles Deleuze1
M. Klein ou l’Enfer de la curiosité, Charles Dantzig reçoit Samuel Blumenfeld, critique de cinéma au journal Le Monde
« Lorsque Monsieur Klein est annoncé, le film arrive en fin de comète sur la période de l’Occupation. Dans la foulée du Chagrin et la Pitié (documentaire de Marcel Ophuls en 1969) sortent sur les écrans Lacombe Lucien (1974), de Louis Malle, d’après un scénario de Patrick Modiano ; Les Guichets du Louvre (1974), de Michel Mitrani, sur la rafle de juillet 1942 déjà ; Section spéciale (1975), de Costa-Gavras. Mais, loin d’arriver en retard, Monsieur Klein surplombe cet ensemble et le domine. [...] La publication en 1972, aux Etats-Unis, de l’ouvrage fondateur de l’Américain Robert O. Paxton, La France de Vichy, 1940-1944, traduit en France l’année suivante, qui met en avant le rôle central du gouvernement de Pétain dans la déportation des juifs, signifie qu’un passé douloureux remonte à la surface. Costa-Gavras et Solinas travaillent d’ailleurs en partie à partir de cet ouvrage. Le tandem cherche un angle lui permettant de raconter le passé vichyste de la France. Un témoignage du Chagrin et la Pitié frappe Gavras. Un commerçant du nom de Marius Klein fait publier, dans les années 1940, une annonce dans un journal local afin de faire savoir que son nom n’est pas juif. A partir de cette simple histoire, Gavras et Solinas trouvent le fil rouge de leur scénario autour de la question de l’identité. Qui est juif ? Qui ne l’est pas ? Qui est susceptible d’être déporté ou pas ? Que faire si un nom ne permet pas de trancher avec certitude ? Klein peut être le nom d’un juif ou d’un chrétien.”
Samuel Blumenfeld2
« Jouer Klein, un rôle de Monsieur Dupont, avec son chapeau feutre et sa gueule de con… Vous connaissez quelqu’un d’autre pour faire ça ? »
Alain Delon
« Pour incarner ce personnage Losey choisi le physique le plus flamboyant, le plus singulier du cinéma français de l'après-guerre, le seul physique qui soit impossible à oublier. (...) C'est Alain Delon qui interprète Monsieur Klein, Delon était le seul comédien français à posséder les propriétés pour incarner ce personnage... »
Charles Dantzig3
« Le problème était de présenter un spectacle antisémite qui ne serait pas pris pour argent comptant par les antisémites d’aujourd’hui, qui sont encore nombreux. Pendant notre tournage dans les rues de Paris, nous avons rencontré de l’antisémitisme. Jovial, mais très déplaisant. […] L’étrangeté de cet homme vêtu en veuve et qui chantait la chanson de Mahler, la laideur de l’antisémitisme avaient pour effet que le pire antisémite ne voudrait pas s’identifier avec cela. C’est à mes yeux l’une des séquences les plus réussies du film. […] C’est une scène clé du film, en ce qu’elle a des rapports avec la visite médicale de la Juive au début et avec tout le processus de la bureaucratie qui s’enchaîne et finalement s’enclenche à la conclusion. »
Joseph Losey sur la séquence du cabaret antisémite4
Michel Ciment : La première séquence est fondamentale. Sans elle le film s’écroule.
Joseph Losey : Absolument. Solinas [le scénariste] voulait la placer au milieu. Mais il n’y aurait pas de film s’il n’y avait pas cette scène liminaire. […] Elle a créé tout de suite une discipline pour l’équipe entière, qui ne s’est pas démentie ensuite. Il y avait un respect absolu pour cette actrice extraordinaire. Cette séquence a été filmée en un jour, et elle a donné le ton au reste du tournage.
Michel Ciment en conversation avec Joseph Losey5
- 1Gilles Deleuze, Cinema 1. The Movement Image, translated by Hugh Tomlinson and Barbara Habberjam (Minneapolis: University of Minnesota Press, 1986) 8.
- 2Samuel Blumenfeld, “« Monsieur Klein », un double ambigu,” Le Monde, 27 juillet 2018.
- 3Charles Dantzig, “M. Klein ou l’Enfer de la curiosité,” France Culture, 19 avril 2020.
- 4Michel Ciment, Le livre de Losey (Paris : Edition Stock, 1979).
- 5Michel Ciment, Le livre de Losey (Paris : Edition Stock, 1979).