Unfolding in almost real time, Cléo de 5 à 7 chronicles two hours in the life of a self-absorbed pop singer as she waits to find out whether or not she has cancer.
« J’aime Cléo de minuit à midi ... »
Alain Resnais1
« C’est un film beau parce que sincère. C’est un film grand, qualité rare dans le cinéma d’aujourd’hui. »
Michelangelo Antonioni2
« Elle est singulièrement simple, et tout naturellement vivante et vraie ... »
Jacques Prévert3
« Cléo de 5 à 7, c’est un portrait de femme inscrit dans un documentaire sur Paris, mais c’est aussi un documentaire sur une femme et l’esquisse d’un portrait de Paris. »
Agnès Varda4
« Ce film se déroule au temps présent. La caméra ne quitte pas Cléo de cinq heures à six heures et demie. Si le temps et la durée sont réels, les trajets et les distances le sont aussi. A l’intérieur de ce temps mécanique, Cléo éprouve la durée subjective : ‘le temps lui dure’ ou ‘le temps s'arrête’. Elle-même dit : ‘Il nous reste si peu de temps’ et, une minute après : ‘On a tout le temps’. Il m'a paru intéressant de faire sentir ces mouvements vivants et inégaux, comme une respiration altérée, a l’intérieur d’un temps réel dont les secondes se mesurent sans fantasie. »
Agnès Varda5
« La réalité de Cléo c’est d’abord la réalité profonde de notre temps, de l’année 1961, où s’éternisait cette ‘pas drôle de guerre’. Il importe que le film, comme la Jeanne d'Arc de Carl Dreyer, ait été ‘tourné dans l’ordre’, dans l’ordre du temps et dans l'ordre des lieux. [...] Tout est dans tout. Une goutte de rosée peut refléter tout l’univers comme aimaient le répéter Eisenstein et Dovjenko. Quatre-vingt-dix minutes de la vie d’une Parisienne peuvent contenir l’angoisse et les préoccupations d’une nation, la France, quand bien même son univers ne serait pour les esprits superficiels qu’un petit monde de fleuristes et de couturières, de paroliers et d'entreteneurs. »
Georges Sadoul6
“Varda seizes the kind of immediacy and tension associated, at the start of the sixties, with the cinema verité documentary movement and uses it to create a new form of fiction.
Because of its real-time structure, Cléo from 5 to 7 transforms [what, on any normal day, would count as a fairly whimsical set of errands and tasks – shopping, rehearsal, visits to friends], into drama. [...] Her journey may be simple and straightforward on the geographic level – into cabs, through parks, stopping off at cafés and studios – but on the emotional level it gets deeper as it goes, accumulating reminders of mortality (such as the African masks she spies in a shopwindow) and stumbling upon unexpected epiphanies.
Signs of the more radical Left Bank sensibility are everywhere in Cléo from 5 to 7, as in the radio-fed references to the conflict then raging in Algeria. More profoundly telling is the cubist-style, multiperspectival approach characteristic of the Left Bank filmmakers – the sense that it is not one person’s tale but a story that belongs to everyone who passes in and out of its frame. While respecting the strict time-space continuum of her premise, Varda in fact never ceases refracting her attention, racking focus on the lives, feelings, and perspectives of all others who cross Cléo’s path; hence the torch passes, often without a cut, to ‘Angèle from 5:18 to 5:25’ or ‘Antoine from 6:12 to 6:15’.
Cléo from 5 to 7 is also, in its sly way, a musical (shades, of course, of Demy’s work) – and no scene is more lyrical than the one in which Varda’s careful mise-en-scène transforms Cléo’s clowning around and casual run-through of ‘Sans toi’ (Without You) [...] into a full-out musical number, only to snap instantly back, at the end of the song, into the realism of the everyday.”
Adrian Martin7
Nom: DANEY
Prénom : Serge
Adresse : 1 rue des Taillandiers
Ville : Paris
Profession: Etudiant
mais surtout cinéphile
1/ Avez-vous aimé ce film ?
– BEAUCOUP.
Pourquoi?
– L’intelligence, la finesse, l’acuité, l’humour du regard qu’Agnès Varda pose sur le monde transmue toute chose et la rend belle, étrange, inquiétante. Ce film est la conclusion, l’aboutissement de tout un cinéma dit ‘littéraire’ qui passe par Resnais et Antonioni, mais ici, je crois que l’élément littéraire disparaît (malgré quelques provocations comme le découpage en chapitres) et débouche sur une beauté purement cinématographique.
2/ Avez-vous été davantage sensible :
au sujet ?
– SECONDAIRE, n’est qu’un prétexte à une mise en scène...
à la réalisation ?
– MERVEILLEUSE, pleine d’inventions, photo très belle.
aux personnages ?
– CORINNE MARCHAND : EXTRAORDINAIRE. Le film vaut d’être vu rien que pour elle.
3/ Quel moment (ou scène) du film préférez-vous ?
– LA RÉPÉTITION DES CHANSONS. CHEZ CORINNE.
– DOROTHÉE BLANK VUE PAR LA VITRE D’UN TAXI, MONTANT DES ESCALIERS.
– SCENE DU PARC MONTSOURIS.
4/ Le film vous a-t-il paru comporter des longueurs ? A quel moment ?
– NON
Inversement, manque-t-il une scène (ou une réplique, ou une image) pour une meilleure compréhension de l’anecdote ou des personnages ?
– Il faut juger ce qui est sur l’écran et qui forme un tout et non pas ce qu’on aurait voulu y voir.
5/ A votre avis, cette femme, Cléo, est-elle condamnée ?
– AUCUNE IMPORTANCE. Ce qui compte, c’est le regard qu’on pose sur le monde lorsqu’on se croit condamné.
6/ Que pensez-vous du rôle que jouent les personnages masculins dans cette histoire?
– Chacun reflète un aspect de la vie de Cléo. L’amant correspond à tout ce qu’il y a de mondain, de frelaté (scène de la modiste) chez Cléo, le pianiste correspond au métier de Cléo, à son art et enfin Antoine est une sorte de découverte par Cléo d’un aspect inconnu d’elle-même ; un amour simple et profond qu’elle réalise n’avoir jamais connu jusqu’à la fin du film. Cléo, grâce à ces trois hommes, se découvre elle-même.
7/ Voyez-vous à ce film une signification qui dépasse l’anecdote elle-même ?
– La morale pourrait être une phrase de Sénèque : « Il faut vivre comme si l’on devait mourir le lendemain. » Ainsi chaque chose prend une valeur, un relief nouveau et permet de déboucher sur une sorte de lucidité et sur l’amour.
8/ Encouragerez-vous votre entourage, vos amis, à aller voir ce film ?
– Absolument.
Serge Daney8
- 1French poster of the film.
- 2French poster of the film.
- 3French poster of the film.
- 4Agnès Varda, Note d’intention, rédigée en 1962.
- 5Agnès Varda, “Propos d’Agnès Varda. Texte du présentation du film, 1962.” Reprinted in: Bernard Bastide (ed.), Agnes Varda Filmographie (Paris: Cahiers du Cinéma / Ministère des Affaires Étrangères, 1994.
- 6Georges Sadoul, “Le coeur révélateur d’Agnès Varda, Cléo de 5 à 7 d’Agnès Varda,” Les Lettres françaises, nr. 922, 12-18 Avril 1962.
- 7Adrian Martin, “Cléo from 5 to 7: Passionate Time,” The Criterion Collection, 22 January 2008.
- 8Questionnaire distribué aux spectateurs du Studio Publicis à Paris en avril 1962. Reprinted in: Bernard Bastide (ed.), Agnes Varda Filmographie (Paris: Cahiers du Cinéma / Ministère des Affaires Étrangères, 1994.