Gion no shimai

Gion no shimai
Sisters of the Gion

“Ik heb vaak gefoeterd op de wreedheid van de film zonder in te zien dat die wreedheid ook haar (Mizoguchi-achtige) keerzijde had, namelijk compassie. Tegenwoordig zie ik het licht van de cinema eerder als een ruimte voor verzoening of zelfs boetedoening.”

Serge Daney1

 

« Après Naniwa Erejii, Mizoguchi voulut donc montrer la vie des geishas de Gion. Gion était divisé en deux : Kobu (le haut Gion) et Otsubu (le bas Gion). Le Kôbu était le quartier des Maiko (geisha de luxe) et l’Otsubu celui des « filles ». Nous avons choisi comme décor l’Otsubu, le quartier des désirs. Je commençai à fréquenter Gion pour étudier la vie des geisha. Ignorant le fond de leur vie, je les trouvais sympathiques. Mizoguchi ne me donna aucune ligne générale pour l’écriture du scénario, il me dit simplement qu’il lui fallait une opposition entre deux sœurs, ou entre une mère et une fille. Or, j’ignorais tout de Gion. J’avais déjà vingt-neuf ans, mais à cause de ma santé défectueuse, je n’avais eu jusqu’alors aucune expérience avec les filles. Par l’intermédiaire du patron de mon grand frère, qui travaillait chez un gros marchand detissus, j’ai pu visiter une « maison » du quartier. La patronne, à qui j’expliquai le but de ma démarche, me considéra avec pitié : « Cela ne me dérange pas que vous veniez chez moi. Mais je me demande s’il suffira que vous observiez pour comprendre ! » Découragé, je voulus abandonner. Mais, poussé par une soudaine audace, je décidai de fréquenter la maison tous les jours, avec un « bento » (repas dans une gamelle), pour ne pas avoir à sortir de toute la journée, et je notais scrupuleusement tous les détails que je pouvais observer. Quel sans-gêne, quand j’y pense ! Comment les filles ont-elles bien pu supporter cet espèce d’étudiant assez louche, curieux, voyeur, espionnant toutes leurs conversations ? »

Yoshikata Yoda2

  • 1Serge Daney, Volharden (Amsterdam: Octavo publicaties, 2011), 56.
  • 2Yoshikata Yoda, Souvenirs de Kenji Mizoguchi (Parijs: Cahiers du cinéma,1997), 49-50.
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UPDATED ON 10.09.2018