
The history of Nazi Germany's death camps of the Final Solution and the hellish world of dehumanization and death contained inside.
EN
“I felt that the distances set by Resnais between the subject filmed, the subject filming, and the subject spectator were, in 1959, as in 1955, the only ones possible. Was Night and Fog a ‘beautiful’ film? No, it was a just film. It’s Kapo that wanted to be a beautiful film and wasn’t. And I’m the one who would never quite see the difference between the just and the beautiful, hence my rather ‘workaday’ boredom in front of ‘beautiful images’.”
“Resnais was the filmmaker who kidnapped me from my childhood, or rather, made me a serious child for three decades.”
Serge Daney1
“In the sequence of shots in Night and Fog the images work not to illustrate or narrate, but to exceed the words of the text, to stand in stark contrast to its ellipses, to the brevity of its evocation of extermination. Mondzain has said that it is the role of art to move, not to teach. This may be the function of the décalage between word and image, the over-reaching of the images. An aspect of this décalage here, its visceral as well as intellectual effect, is the exposure of the body. Resnais allows human flesh uncovered to connect us affectively to images of excess and desecration.”
Emma Wilson2
FR
« Tandis que la caméra d’Alain Resnais frôle les herbes repoussées et « visite » les camps désaffectés, Jean Cayrol nous informe sur le rituel concentrationnaire et s'interroge sourdement sur « nous qui feignons de croire que tout cela est d'un seul temps et d'un seul pays et qui ne pensons pas à regarder autour de nous et qui n'entendons pas qu'on crie sans fin ».
Des kilomètres de pellicule s’impressionnent chaque jour dans tous les studios du monde : pour un soir, il nous faut oublier notre qualité de critique ou de spectateur. C'est l'homme en nous qui est concerné, qui doit ouvrir grand les yeux et à son tour s'interroger. Nuit et Brouillard efface pour quelques heures de notre mémoire tous les films : il faut voir celui-ci, absolument.
Lorsque la lumière se rallume, on n'ose pas applaudir, on reste sans voix devant une telle œuvre, confondu par l'importance et la nécessité de ces mille mètres de pellicule. »
François Truffaut1
« Alain Resnais fait partie de cette génération qui a découvert l'existence des camps par l'image, dans les actualités diffusées dans les salles de cinéma à la Libération, et confisquées ensuite par les autorités pendant plus de dix ans. « Comment oublier ces images... se souvient Resnais, on avait entendu des rumeurs sur l'existence des camps mais ce n'est pas du tout la même chose que d'être placé devant les images. Face à l'image, on ne détourne pas la tête, on ne peut plus ignorer. » »
Luc Lagier2
« Pendant trente-deux minutes, les archives en noir et blanc alternent avec les images en couleur des restes du camp d'Auschwitz. S'élève alors la voix prenante et grave de Michel Bouquet : « Même un paysage tranquille, même une prairie avec des vols de corbeaux, des moissons et des feux d'herbe, même une route où passent des voitures, des paysans, des couples, même un village pour vacances, avec une foire et un clocher peuvent conduire tout simplement a un camp de concentration... » La puissance évocatrice du texte de Jean Cayrol est telle qu'il peut se passer des images. Au reste, le propos de Resnais n'était pas d'insister sur le caractère pathétique et macabre du sujet en déversant avec une pénible évidence des torrents d'indignation. Non, c'était au contraire des accents d'une « terrible douceur » que Jean Cayrol avait placé dans sa voix. »
Michel Pateau3