Set amid the military maneuvers and Quatorze Juillet carnivals of turn-of-the-century France, Jean Renoir’s delirious romantic comedy Elena et les hommes stars a radiant Ingrid Bergman as a beautiful, but impoverished, Polish princess who drives men of all stations to fits of desperate love. When Elena elicits the fascination of a famous general, she finds herself at the center of romantic machinations and political scheming, with the hearts of several men – as well as the future of France – in her hands.
“Elena et les hommes, c’était Ingrid Bergman.”
Jean Renoir
« Dire que Renoir est le plus intelligent des cinéastes revient à dire qu’il est français jusqu’au bout des ongles. Et si Elena et les hommes est « le » film français par excellence, c’est parce qu’il est le film le plus intelligent du monde. L’art en même temps que la théorie de l’art. La beauté en même temps que le secret de la beauté. Le cinéma en même temps que l’explication du cinéma.
Notre belle Elena n’est qu’une muse de dé partement. Sans doute. Mais à la recherche de l’absolu. Car en filmant Vénus parmi les hommes, Renoir, pendant une heure trente, superpose le point de vue de l’Olympe à celui des mortels. Devant nos yeüx, la métamorphose des Dieux cesse d’être un slogan de bazar pour devenir un spectacle d’un comique déchirant. Par le plus beau des paradoxes, en effet, dans Elena, les immortels as pirent à mourir. Pour être sûr de vivre, Il faut être sûr d’aimer. Et pour être sûr d’aimer, il faut être sûr de mourir. Voilà ce que découvre Elena dans les bras des hommes. Voilà l’étrange et dure morale de ce fabliau moderne déguisé en opéra-bouffe.
Trente ans d’improvisation dans le tournage ont fait de Renoir le premier technicien du monde. Il fait en un plan ce que les autres feraient en dix. Et n’en feraient-ils qu’un que lui, Renoir, s’en passerait. Jamais un film n’a été plus libre que Elena. Mais au plus profond des choses, la liberté, c'est la nécessité. Et jamais non plus un film n’a été plus logique.
Elena est le film le plus mozartien de son auteur. Moins tant par l’apparence extérieure, comme La règle du jeu, que par la philosophie. Le Renoir qui termine French Cancan et prépare Elena est un peu, moralement, le même homme que celui qui achève le « Concerto pour clarinètte » et entame « La flûte enchantée ». Quant au fond : même ironie et même dégoût. Quant à la forme : même audace géniale dans la simplicité. A la ques tion, qu’est-ce que le cinéma ? Elena répond; plus que le cinéma. »
Jean-Luc Godard1
- 1Jean Luc-Godard, “Elena et les hommes,” Cahiers du Cinéma 78, 1957.