Schwarze Sünde

← Part of the Collection: Danièle Huillet & Jean-Marie Straub
Schwarze Sünde

In Schwarze Sünde, Danièle Huillet and Jean-Marie Straub return to Friedrich Hölderlin's Empedocles and the Etna. It is a dark political text and the characters that have remained walk on black ashes like ghosts of another world. It is a text of farewell and remembrance. At the end of the film, a strange woman replaces the vanished, conjures up “the living spirit” and wishes for “a flood after the drought”. And at that point Hölderlin's fragment also falls silent. (Viennale)

EN

“What interests us is to get to the point where the minimum becomes immense. We do exactly the opposite of what the economic laws prescribe. [...] If Cézanne gathers his apples on the table for the fortieth time, when he paints his mountain for the thirtieth time, in another light, from another hill, but always the same mountain, then it’s something like a earthquake in the painting, but which appears as if it were nothing. [...] In Schwarze Sünde, every square centimeter of the image has the same right of existence as man, who only fills a tenth of the picture. The leaf of a tree, a movement of air are no less important than that event which is believed to be the maximum of creation, that is man. [...] Hölderlin was 28 years old when he wrote Empedocles and between the first and third draft the defeat of a political dream falls, as Berteaux demonstrated, the defeat of the project of a Swabian revolution. Hölderlin saw himself as the poet of this revolution. The failure shines through in the third draft, which, at least on the surface, is much less political. But perhaps it is in a deeper sense. Hölderlin, who could not be the poet of the revolution, now speaks of sacrifice and this takes him very far.”

Jean-Marie Straub1

 

Der Tod des Empedokles is a film of explosion and the second one, Schwarze Sünde, is a film of implosion.”

Jean Narboni2

 

“Black Sin (1988) is made of a remarkably direct series of images, even for a film by Huillet-Straub. A forty-minute iteration of their Empedocles project, for which they 'adapted' (in the flattest Straubian sense) Friedrich Hölderlin's unfinished play 'Der Tod des Empedokles'. For much of its runtime, the film is a material depiction of a debate between Empedocles and his disciple Pausanius at the top of Mount Etna, Sicily, before Empedocles throws himself into the volcano. Each man crouches in the black dirt, which is presumably strewn with volcanic ash, and speaks about the nature of the world, which for Empedocles is an extension of his own material state.

Much of their dialogue takes place off-screen, as we watch the other speaker in the conversation listening statically to his fellow interlocutor. When each stands up at the end of their debate, they step out of frame: first Pausanius and then, in one of those hilarious Straubian touches that suggest the comic nature of their style, also Empedocles, leaving us to stare at their legs and feet. After this, we see Danièle Huillet herself, sitting alone in the dirt, as Beethoven's String Quartet No. 16 – his last major work – swells around her. She is strikingly still, staring off ahead as if stupefied by the living world. After a long pause, she says two words: 'neue Welt' – new world.

As has been noted elsewhere, the three versions of Hölderlin's play were the product of a bleak, tumultuous period in the German poet's life. Like his protagonist, Hölderlin saw the world as a stage upon which the elements thundered, burst, and crashed amongst themselves. Interestingly, the Empedocles project itself had a discontinuous, fragmentary nature for Huillet-Straub. It resulted in several versions of The Death of Empedocles (1987) with minor variations between them, as well as Black Sin. An excerpt of the latter film – a revival of Huillet after her death – also features in Straub's solo film Communists (2014).”

Christopher Small3

  • 1Peter Kammerer, “Intervista a Jean-Marie Straub e Danièle Huillet,” In Piero Spila (ed.), Straub-Huillet: cineasti italiani (Pesaro: XXV Mostra Internazionale del Nuovo, 1989), own translation.
  • 2Jean Narboni as cited by Jean-Marie Straub in a conversation with Viennale director Hans Hurch, 2004.
  • 3Christopher Small, "Black Sin", Balthazar, 2023.

FR

Jean-Marie Straub: Lorsque j’étais étudiant à Nancy en fac de lettres, on nous avait donné une page dactylographiée intitulée “La Paix - Der Frieden” de Hölderlin. Et quand on s'est rencontré avec Danièle en 1954, je me promenais avec cette page dans ma poche, elle ne connaissait pas l'allemand et elle m’a demandé de la lui traduire. Mais il y avait un autre texte d’Hölderlin qui m’avait touché et que je connaissais bien, c’était cette espèce d’esquisse, de fragment de choeur de la fin du premier acte, que Danièle dit à la fin du film, et que j’ai donc retrouvée tout à coup dans cette troisième version. Mais en faisant La Mort d’Empédocle (1987) (qui est donc la première version écrite par Hölderlin), on ne pensait absolument pas adapter cette troisième version du texte parce que je n’en venais pas à bout personnellement, tout bêtement, en tant que lecteur. Le premier film, c’est presque une comédie musicale par rapport au second. Il y avait surtout l’envie de récupérer une topographie. Envie qui préexistait à Hölderlin – de même qu’Othon (1970), ça a d’abord été cette terrasse, à Rome, avant d’être Corneille. C’était un lieu qu’on avait découvert et qu’on avait finalement éliminé au profit d’un autre pour le deuxième acte de La Mort d’Empédocle. Parce qu’il était trop restreint, trop exposé au vent et pas assez théâtral pour l’arrivée des cinq agrigentins.

Danièle Huillet: Trop risqué surtout.

Straub: A gauche, il y a un précipice, à droite une pente et derrière il n’y a rien. C'est un endroit très dur, il n’y a pas d'arbres, pas d’ombre. C’est beaucoup plus difficile de dire le texte comme ça en plein soleil. C'est une lutte continuelle avec le soleil. Pour la première et sans doute la dernière fois, on a voulu retourner avec les mêmes acteurs, comme Ozu qui reprenait toujours son vieil acteur, et on s’est dit qu’il y avait une possibilité de faire ça avec: les trois qui avaient le plus travaillé sur le premier film et qui n’étaient pas des oiseaux de passage. Avec eux, il y avait un acquis, c’est comme Hölderlin avec son histoire entre la première et la troisième version, on avait un tremplin à partir duquel on pouvait sauter un peu plus loin. On est retourné dans cet endroit comme John Ford est retourné à Monument Valley. Dans La Mort d'Empédocle, il n’y a pas de vallée entre le point de vue et la montagne; dans Schwarze Sünde, il y a une immense vallée, on la voit, on la sent. Dans le premier, il y a une idée scénique, une scène théâtrale, ici c’est autre chose. Disons modestement qu’ici, ça ressemble plutôt à Blind Husbands (1919), qui est finalement le seul film de Eric von Stroheim qui ait été monté par lui et qui soit de lui d’un bout à l’autre. Il y en a un qui serait plutôt un film théâtral et l’autre plutôt un “film-film”.

Jean-Marie Straub et Danièle Huillet1

  • 1Marc Chevrie, “Le retour d'Empédocle: J.-M. Straub et D. Huillet : entre deux films,” Cahiers du cinéma, 418 (1989), 59-64.
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UPDATED ON 10.01.2024