In Brussels, on a day in April in 1968, Michèle, a 15-year old school girl, decides never to set foot in school again. In the cinema, she meets Paul, a twenty-year old Frenchman who has similarly decided to never again set foot in his army base. These two ‘deserters’ wander the city. While set just before the social upheavals of May ’68, Akerman’s film creates a space of dislocated time in which the characters walk like spirited ghosts through contemporary Brussels.
Michèle : Des fois je suis resté des jours entiers dans mon lit, à pleurer, à manger des trucs.
— Les miettes dans le lit, il n’y a rien plus déprimant.
Paul : Moi je me souviens des miettes qui n’était pas déprimantes.
Michèle : Quelles miettes?
Paul : Des miettes de croissant quand on n’est pas seul. On n’est pas toujours malheureux en amour.
Michèle : Oui ou non. Il y a miettes et miettes.
« Oui, me revoilà à Bruxelles où je tourne Portrait d’une jeune fille de la fin des années 60. Le film, produit par la France, fait partie d’une série réalisée par une dizaine de cinéastes, Brisseau, Téchiné, Claire Denis, Olivier Assayas, etc., qui chacun raconte une histoire se déroulant à l’époque de son adolescence. Brisseau traite des années 50, Téchiné sur ’61, moi juste avant ’68.
Mon film n’est pas autobiographique mais les émotions qu’on y trouvera m’appartiennent... Cela parle d’une jeune fille de 15 ans projeté sur le marché de l’amour. De l’envie qu’elle a que tout explose autour d’elle. Ça a été un scénario écrit dans la joie! Comme les choses se sont transformées aujourd’hui par rapport à l’avant ’68! En 1993, les gens n’ont plus l’espoir de changer le monde alors que, nous, on l’avait; nous pensions que nous pouvions agir sur la société. Rappelle-toi, des millions de gens manifestaient contre la guerre du Vietnam. Et, maintenant, il n’y a personne dans les rues gueulant contre le conflit en Yougoslavie. Personne! En 1993, les jeunes ont un sentiment d’impuissance que la génération 68 ne connaissait absolument pas. Par contraste, j’espère que Portrait d’une jeune fille dira à nos contemporains qu’ils doivent se réveiller de leur apathie.
Formellement, mon film sera très souple, tourné à l’épaule comme ceux des années 60. Une petite équipe dans les rues de Bruxelles! [Akerman worked with documentary cameraman Rémon Fremont who would also shoot Sud, D’est and De l’autre côté.] Je ne veux pas que la mise en scène se voie, je prends les choses par hasard: jamais fait ça, comme c’est gai! Presque improvisé! En fait, je rends hommage à ceux qui nous ont poussés à faire des films, Godard par exemple. J’avais déjà fait des films sur l’adolescence étant quasi adolescente moi-même. Voilà, j’aborde ce thème... adulte! Mais sans nostalgie. La preuve: je ne tourne pas dans des décors années 60. Pas de vieilles bagnoles, ça ne m'’intéresse pas. C’est l’air du temps d’hier qu’on verra sur l’écran. Moi, quand j’avais l’âge de mon héroïne, je sentais très fort que tout nous était possible et que tout nous était permis. Alors qu’aujourd'hui, hélas... La devise était ‘Quand on veut, on peut’. Et on a pu! »
Chantal Akerman1
“Portrait of a Young Girl was commissioned by the French television station ARTE for a series entitled Tous les garçons et les filles de leur âge. In addition to a focus on adolescence, [the nine] filmmakers were required to include a party scene in their films, as well as songs of the era. Other films in the series included U.S. Go Home by Claire Denis [and L’Eau froide by Olivier Assayas]. (...) Portrait of a Young Girl remembers the late-1960s as both opening up and closing down possibilities of connection. True to the spirit of the series, Akerman’s portrait of a young girl captures the era of the late-1960s through music, words, and the interactions of its characters. [...] But the film is also wilfully anachronistic; there is no attempt to re-create a Brussels of 1968, no period costumes. Paul and Michèle (Circé Lethem) even browse in a shop that sells compact discs. The remembrance of the 1960s is one filtered through the present.
Portrait builds upon many of the themes present in Akerman's J’ai faim, j’ai froid (1984), [...] a 12-minute black-and-white film about two teenage girls who have just run away from Brussels to Paris. While their movements are frenzied and always on the verge of the comic, they are nevertheless quite evocative of Michèle. Like her, they wander the city and occupy a transitional space. [...] [In each film,] the rituals shared by two girls are as important as anything that occurs between a man and a woman.”
Judith Mayne2
“A scene at a dance, set to ‘La Bamba’ and James Brown, searingly recalls the mingled ecstasies and bewilderments of youth, the sudden chill of loneliness in a crowd that is the curse and the pride of a sensitive, yearning soul.”
Richard Brody3
- 1Chantal Akerman in conversation with Luc Honorez, “Chantal Akerman tourne son nouveau film dans les rues de Bruxelles, une jeune fille des sixties reveiller-t-elle le présent?,” Le Soir, August 4, 1993.
- 2Judith Mayne, “Girl Talk: Portrait of a Young Girl at the End of the 1960s in Brussels,” In: Gwendolyn Audrey Foster, Identity and Memory: The Films of Chantal Akerman (Trowbridge: Flicks Books, 1999), 150, 154-155.
- 3Richard Brody, “Portrait of a Young Woman at the End of the 1960s in Brussels,” The New Yorker, 2008.