Hossein Sabzian II

Traduit par Nefertari Vanden Bulcke

(1) & (2) Close-Up Long Shot (Mamhoud Chokrollahi & Moslem Mansouri, 1996)

Quel âge avez-vous ?

J’ai 42 ans. Je suis né en 1954.

Racontez-nous de votre enfance. Qui était Sabzian avant Close-Up ?

Les traits de notre personnalité se dessinent, généralement, pendant notre enfance. Selon Thomas Harris, notre caractère se forge, lors de nos cinq premières années, et ne se révèle que par après. Le lien entre mon enfance et le cinéma s’explique par le fait qu’un jour, mon père m’a pris par la main... et m’a emmené au Théâtre Lalehzar pour voir The Bride of the Sea, avec Vigen. C’est là que mon père, m’a poussé dans les bras du cinéma. Mon père est parti, mais le cinéma ne m’a jamais quitté. J’ai rencontré le cinéma, et je l’ai salué pour la première fois.

Je me souviens que... en tant qu’élève, j’ai fait l’école buissonnière pendant trois mois. Je prenais mes livres et j’allais au cinéma... tous les jours. Parfois, on me refusait l’entrée. Avant de rentrer le soir, je faisais mes devoirs, et je leur mettais des 10. Je les corrigeais en imitant l’écriture du professeur, afin d’éviter tout soupçon. Cela a continué, pendant plusieurs mois. On vivait à Isfahan, à l’époque. J’ai manqué l’école pendant trois mois, jusqu’à ce que l’on s’en aperçoive. Ma mère m’a emmené à l’école, et on m’a battu parce que j’avais fréquenté le cinéma. C’est ce qu’on faisait à l’époque. Rentré chez moi, j’ai promis de ne plus y aller, et on m’a dit que je devais penser à mon avenir.

Je ne peux que maudire le cinéma. Il m’a privé de mon enfance.

Mais, maintenant, je pense que le cinéma d’aujourd’hui, que je considère innovateur, se définit simplement par la couleur et la forme. C’est suffisant.

J’ai passé la moitié de ma vie dans le noir. Ma vie elle-même était dans le noir. Je n’ai jamais vu ma vie avec un objectif. Il n’y a que des images floues.

D’un point de vue financier, j’ai dépensé tout mon argent pour acheter des billets de cinéma. Du point de vue de mes activités, j’ai passé des heures au cinéma. D’un point de vue existentiel, j’ai vendu mon âme au cinéma. C’est ainsi que j’ai passé les meilleurs moments de mon enfance... dans le noir.

Paroles de Hossein Sabzian dans Close-Up Long Shot (Mamhoud Chokrollahi & Moslem Mansouri, 1996).

Sous-titres anglais du film traduits par Nefertari Vanden Bulcke

 

Images (1) et (2) de Close-Up Long Shot (Mamhoud Chokrollahi & Moslem Mansouri, 1996)

COMPILATION
14.02.2015
NL FR EN
In Passage, Sabzian invites film critics, authors, filmmakers and spectators to send a text or fragment on cinema that left a lasting impression.
Pour Passage, Sabzian demande à des critiques de cinéma, auteurs, cinéastes et spectateurs un texte ou un fragment qui les a marqués.
In Passage vraagt Sabzian filmcritici, auteurs, filmmakers en toeschouwers naar een tekst of een fragment dat ooit een blijvende indruk op hen achterliet.
The Prisma section is a series of short reflections on cinema. A Prisma always has the same length – exactly 2000 characters – and is accompanied by one image. It is a short-distance exercise, a miniature text in which one detail or element is refracted into the spectrum of a larger idea or observation.
La rubrique Prisma est une série de courtes réflexions sur le cinéma. Tous les Prisma ont la même longueur – exactement 2000 caractères – et sont accompagnés d'une seule image. Exercices à courte distance, les Prisma consistent en un texte miniature dans lequel un détail ou élément se détache du spectre d'une penséée ou observation plus large.
De Prisma-rubriek is een reeks korte reflecties over cinema. Een Prisma heeft altijd dezelfde lengte – precies 2000 tekens – en wordt begeleid door één beeld. Een Prisma is een oefening op de korte afstand, een miniatuurtekst waarin één detail of element in het spectrum van een grotere gedachte of observatie breekt.
Jacques Tati once said, “I want the film to start the moment you leave the cinema.” A film fixes itself in your movements and your way of looking at things. After a Chaplin film, you catch yourself doing clumsy jumps, after a Rohmer it’s always summer, and the ghost of Akerman undeniably haunts the kitchen. In this feature, a Sabzian editor takes a film outside and discovers cross-connections between cinema and life.
Jacques Tati once said, “I want the film to start the moment you leave the cinema.” A film fixes itself in your movements and your way of looking at things. After a Chaplin film, you catch yourself doing clumsy jumps, after a Rohmer it’s always summer, and the ghost of Akerman undeniably haunts the kitchen. In this feature, a Sabzian editor takes a film outside and discovers cross-connections between cinema and life.
Jacques Tati zei ooit: “Ik wil dat de film begint op het moment dat je de cinemazaal verlaat.” Een film zet zich vast in je bewegingen en je manier van kijken. Na een film van Chaplin betrap je jezelf op klungelige sprongen, na een Rohmer is het altijd zomer en de geest van Chantal Akerman waart onomstotelijk rond in de keuken. In deze rubriek neemt een Sabzian-redactielid een film mee naar buiten en ontwaart kruisverbindingen tussen cinema en leven.