The Invasion

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The Invasion

10 years after the release of his epic film Maidan, Sergei Loznitsa resumes his Ukrainian chronicles by documenting the country’s struggle against the Russian invasion. Shot over a 2-year period, the film portrays the life of the civilian population all over Ukraine. The Invasion presents a unique and ultimate statement of Ukrainian resilience in the face of barbaric invasion. In the second part of his Ukrainian diptych, Loznitsa paints a monumental canvas of a nation determined to defend its right to exist.

EN

Astrid Jansen: In The Invasion, some people feel that you depict the war ‘off camera’ by showing the everyday life of Ukrainians. However, this approach includes more than ever the direct experience of war itself. How do you create cinema in the midst of chaos?

Sergei Loznitsa: Culture begins with putting the world in order. Chaos is the absence of a point of view. In a state of chaos, everything is possible and everything has the same value. When one forms a structure according to certain criteria, one also formulates a vision, a point of view, in which the surrounding world is organised in a certain order. When I say “point of view”, I mean a vision.

Thus, chaos is the lack of vision. Basically, it is not only war that bears chaos. Without vision, everything around you becomes chaotic. Sounds, words, images are simply instruments. Cinema - which employs images, words, sounds and the entire body of filmic language, which has been developed throughout the existence of this art form – is also an instrument. If this instrument is used without a vision, the product of such usage will be simply adding to the existing chaos. Vision has to come before a film, and it is shaped during the process of creation of a film. Such is the nature of creative process.

Sergei Loznitsa in coversation with Astrid Jansen1

FR

« Wisemanien, le film l’est aussi dans sa manière de filmer le quotidien ritualisé d’un peuple en guerre, avec funérailles, mariages, danses, prières, baptêmes collectifs, chorégraphies militaires et cours d’histoire aux accents propagandistes. « Le monde, en vérité, est une cérémonie » écrivait le sociologue Erwin Goffman, dont Wiseman s’est inspiré dans les années 1960 au moment de réaliser ses premiers films, de Titicut Follies à High School. La maxime apparaît d’autant plus vraie dans un contexte de guerre, comme l’illustre L’invasion : le pays n’a pas d’autre choix que de multiplier les processions pour survivre, en particulier face à la menace d’un voisin qui cherche à effacer sa culture. [...] C’est comme si le documentariste s’adressait à un monteur futur qui, à l’avenir, serait en mesure de voir dans les scènes de vie ritualisées un trésor archivistique, témoignage vivace que la guerre ne se résume jamais à un défilé de tanks et de vestes en treillis : pendant que les missiles tapissent le ciel, des enfants vont à l’école pour apprendre en chœur le nom des océans. »

Corentin Lê1

 

« Loznitsa ne dit rien, certes, mais ne fait pas pour autant grand mystère du peu de goût que lui inspire l’embrigadement des écolier·ères, ou l’organisation, il est vrai saisissante, de la destruction du patrimoine littéraire russe. Mais c’est sur la captation de la liturgie que L’invasion est le plus beau – notamment dans une première demi-heure presque intégralement constituée de cérémonies, enterrements de soldats, mariages. Le choc de la guerre est un choc de ritualité où chacun·e joue son rôle : il n’y a plus, en Ukraine, que la mort, Dieu, et la patrie. Images forcément déchirantes de familles endeuillées, et de passant·es se mêlant à elles, sans qu’on parvienne, à l’abattement des visages, à différencier les un·es des autres, comme si tout le pays n’était plus qu’un gigantesque cortège funèbre. Le film est parfois aride, on y parle très peu, mais c’est peut-être parce que tout le pays semble y avoir perdu le goût de la parole. »

Théo Ribeton2

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UPDATED ON 11.12.2024