Chantal Akerman. Dieu se reposa, mais pas nous

Un nouveau livre, Chantal Akerman: Dieu se reposa, mais pas nous, écrit par le critique de cinéma Jérôme Momcilovic, est disponible chez CAPRICCI.

 

« C’est donc un essai résolument placé sous le signe de la corporéité que signe ici Jérôme Momcilovic, ce qu’il ne manque pas d’annoncer dès le titre fort énigmatique de ce nouvel ouvrage : Dieu se reposa, mais pas nous. Ce qui ressemble à un fragment perdu d’aphorisme vient en réalité d’un carton inséré au cours d’un film réalisé par Chantal Akerman pour la télévision en 1983, L’Homme à la valise, et qui ne parle au fond que de ça : de ce que cela coûte, en termes d’énergie toute physique, d’écrire un film, de le réaliser – et, en creux, d’écrire sur les films de Chantal Akerman, donc d’en être le spectateur.

L’un des plus beaux parti-pris de Jérôme Momcilovic est ainsi de ramener sur le devant de la scène les films parfois un peu bancals, souvent éclipsés par les chefs-d’œuvre dans le discours critique (Jeanne Dielman, News from Home) en soulignant leurs réussites, fussent-elles modestes. On lui saura donc gré d’insister sur le charme singulier de ce Divan à New York : « Il faut imaginer le Shop Around the Corner d’un Lubitsch qui, trop rêveur, n’aurait su filmer que les lettres. », de signaler dès les premières pages l’importance d’un film confidentiel et quelque peu oublié, Letters Home (1986), réunion à l’écran de Delphine Seyrig et de sa fille Coralie pour une lecture de la correspondance entre Sylvia Plath et sa mère jusqu’au suicide de la première, ou encore d’intégrer Histoires d’Amérique (1989) dans le fil d’une exploration par la réalisatrice du territoire des spectres : « D’Est et Histoires d’Amérique vibrent d’une commune urgence, qui était déjà celle d’Hotel Monterey, film de spectres terminal – [...] filmer la dernière trace des corps au moment de leur devenir fantôme. »

Il faut voir les échos que continuent à en renvoyer dans leurs films quelques-uns des plus grands cinéastes d’aujourd’hui – il est possible que ce soit de façon tout à fait inconsciente – pour mesurer l’influence considérable de Toute une nuit sur le cinéma contemporain: de Hong Sang-soo à Valeska Grisebach, la « collection d’étreintes » de Chantal Akerman est partout. »

Maël Mubalegh1

Vous pouvez aussi lire la critique de livre dans Le Monde et Libération

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11.02.2018
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