Work in Progress

Les films de Johan van der Keuken

26.02.2025
A COLLECTION OF 7 texts, 62 film pages, 2 events, 1 dossier, 1 news item
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Johan van der Keuken (1938-2001) était un cinéaste, photographe et auteur néerlandais. À l’âge de dix-sept ans, il se fait connaître avec Wij zijn 17 (1955), un livre de photographies présentant des portraits de ses pairs. Un an plus tard, il rejoint l’école de cinéma IDHEC à Paris, où il découvre sa passion grandissante pour le cinéma. En tant que cinéaste, il se fait un nom avec des documentaires expérimentaux comme Blind kind (1964) et la trilogie Nord-Sud (Dagboek, Het witte kasteel et De nieuwe ijstijd, 1972-1974), dans laquelle il dépeint l’augmentation des inégalités mondiales. Il a réalisé plus de cinquante films. Parmi ses autres films notables figurent Vakantie van de filmer (1974), Het oog boven de put (1988), et son acclamé Amsterdam Global Village (1996).

Le cinéma de van der Keuken vit de la tension entre éthique et esthétique, entre un engagement radical envers le monde et une attention marquée à la forme. Un documentariste, selon van der Keuken, ne peut cependant jamais prétendre représenter la réalité. « Pour moi, ce qui est primordial, c’est le côté matériel du cinéma : le faisceau lumineux sur un écran. Et ce qui s’inscrit dans ce bombardement lumineux d’un écran c’est toujours de la fiction. » Sous l’influence de la peinture, il met toujours en avant la matière du médium lui-même par l’utilisation consciente de la lumière, de la couleur et de la texture, ainsi qu’un montage rythmique et musical.

Mais en même temps, Van der Keuken, qui a toujours considéré la caméra comme une prolongation de son corps, s’est toujours opposé à l’idée que les cinéastes se trouvent à l’extérieur du monde qu’ils tentent de représenter. Le cinéaste se tient radicalement dans le monde, regardant à travers son objectif, par lequel la réalité reçoit un cadre. Il gardait toujours son œil gauche grand ouvert sur le monde alentour, tandis que son œil droit était collé au viseur de la caméra. Dans « Méandres », un texte de 1995, il décrivait la force motrice de son cinéma : « Je reste un cinéaste matérialiste : le monde existe en dehors de nous, et notre rêve se heurte à lui. Le travail du cinéma, c’est cette relation entre les deux : work in progress, toujours. »

Ce recueil offre une vue d’ensemble des textes disponibles en français sur Sabzian à propos de l’œuvre de Johan van der Keuken, ainsi qu’une filmographie multilingue complète et annotée. Van der Keuken était également un écrivain doué sur le cinéma, une activité par laquelle il cherchait à définir sa pratique de cinéaste. Sabzian a précédemment publié l’Issue ‘Entre tête et mains’, présentant les écrits de Van der Keuken. Meanders, un nouveau livret trilingue contenant le texte du même nom du cinéaste néerlandais, est disponible à l’achat sur notre site web.1

  • 1De octobre 2024 à février 2025, Sabzian et CINEMATEK ont organisé une rétrospective complète du travail de Johan van der Keuken, en deux parties.

Texts

Thierry Nouel, 2020
ARTICLE
26.02.2025
FR

Cette œuvre interroge notre regard sur les mondes (du lointain à l’intime), s’aventure très librement dans le territoire de la fiction, questionne nos hiérarchies esthétiques. Cela réclame du spectateur (et du critique) vision attentive, attention rythmique et mémoire vive. Sa démarche étonne, interroge, trouble, fait bouger nos certitudes, et donc incite conjointement à ressentir et à penser. Mon abécédaire se propose une circulation dans l’œuvre de cet « entrepreneur » de langage neuf, par un double jeu d’associations : quel terme « keukenien » peut correspondre à chaque lettre ? Et quel autre terme s’y adjoint ?

Luc Dardenne, 1982
ARTICLE
18.12.2024
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La genèse du Voir dans les films de Johan Van Der Keuken ne se réalise pas comme la disparition, l'effacement du regard du cinéaste, de sa subjectivité découpeuse d'images au profit d'un réel qui se donnerait à voir de lui-même. Au contraire la médiation, le travail de ce regard est constamment revendiqué, ostensiblement désigné : c'est seulement parce que j'assume mon regard de cette chose comme perspective singulière, qu'il est vulnérable, ouvert à ce qui est hors de son cadre, qu'il peut être creusé par le regard de ces choses qu'il ne voit pas mais qui le voient et exigent pour qu'il les voit son déplacement (physique), sa rotation.

Thierry Nouel, 2002
ARTICLE
19.02.2025
FR

Isoler un élément chez Keuken, ici la musique, pose toujours difficulté, tant l’œuvre est dialectique et sérielle, faite d’éléments qui s’imbriquent ou s’opposent. Mais commençons par distinguer la musique entendue dans les films de la « musicalité » des films. La musique ne vient pas seulement des morceaux joués, mais est toujours là, comme un bain qui imprègne tout, une pulsation permanente qui plane chez ce cinéaste qui a le souci constant de la rythmique : temps fort/temps faible, tension/détente, plein/vide, et finalement harmonie générale, tout concourt à donner l’impression d’accéder à la structure vibrante des choses, de pouvoir embrasser les grands courants mélodiques qui nous entourent. On sort de la salle avec la sensation d’avoir été « en entente » avec le monde ou d’avoir plongé ou cœur de sa cacophonie.

Dans le rétroviseur

Serge Meurant, Johan van der Keuken, 2001
ARTICLE
19.02.2025
FR

Ma passion pour le cinéma est le fruit d’une amitié : celle du grand cinéaste et photographe hollandais Johan van der Keuken. Elle naquit à l’occasion du séminaire que j’organisai, en collaboration avec Micheline Créteur et Jacqueline Aubenas, autour de son œuvre en novembre 1981, à l’INSAS. […] Un quart de siècle plus tard, son œuvre est montrée dans toutes les cinémathèques du monde et enseignée dans les écoles de cinéma. Le texte d’introduction rédigé par le cinéaste au livre publié trois ans plus tard, témoigne de manière vivante et spontané du plaisir partagé pendant cette semaine riche de regards et de réflexions.

Serge Meurant, 2001
ARTICLE
12.02.2025
FR

L’œil par-dessus le puits fait la synthèse entre les deux sortes de films que Johan van der Keuken avait réalisés jusqu’alors : des documentaires et des films de fiction expérimentale. Le cinéaste avait souffert du fait que seul le côté documentaire de son travail soit apprécié. Son désir était de voir réunis les deux versants de son œuvre comme les deux ailes d’un oiseau.

De Johan van der Keuken

Serge Meurant, 2001
ARTICLE
26.02.2025
FR

Les vacances prolongées de Johan van der Keuken est davantage le témoignage d’un combat contre la maladie qu’un testament. Lorsque le cinéaste apprend qu’il est atteint d’un cancer de la prostate et que ses chances de survie ne peuvent être évaluées, il est à Paris pour présenter un nouveau film et se sent en pleine forme. Lorsqu’il annonce ce diagnostic pessimiste à Nosh van der Lely, sa compagne de plus de trente ans, elle lui dit « Partons faire de beaux voyages ». Ils partent immédiatement, avec caméra et enregistreur, comme ils le font depuis des années.

Jacqueline Aubenas, Michel Khleifi, Serge Meurant, Johan van der Keuken, 1982
CONVERSATION
17.03.2021
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« Oui, notre point de vue de cinéastes était de rechercher des images autres que celles ramenées par les équipes de télévision à chaque événement politique dans les territoires occupés (manifestations, grèves, émeutes, etc.). Nous croyons, en effet, que ces images finissent par faire oublier l’essentiel : le sens de la lutte de ces gens. Les images d’information télévisées sont des images d’« effets », nous recherchions des images de  « causes ». »

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