Ceci, cela et comment
Il ne s’agit pas de montrer qu’il y a ceci ou cela. Il s’agit de montrer comment c’est, comment c’est d’être dans un espace donné.
Les situations, dans un film, n’expliquent au fond pas grand-chose, mais il est important qu’elles aient été créées par la participation. Et c’est seulement avec la participation qu’elles prennent tout leur sens pour le spectateur.
Comme je ne suis pas capable de voir les choses d’une façon pure et délimitée, j’ai aussi introduit une émotion destructrice. La vie attaque tout ce que l’on fait.
Quand on se trouve sur cette longueur d’ondes, on fait des prototypes de la réalité. Cela peut arriver dans des images simples et de tous les jours. Je préfère plutôt ne pas avoir de pouvoir sur un dispositif technique spécialisé.
Le film est plus une façon de placer les choses dans un contexte que de créer une histoire. Un renouveau de l’œil.
Dès qu’un homme est filmé, il cesse d’être un homme pour devenir un morceau de fiction, de matériau filmé. Et pourtant, il continue d’exister. Cette double vérité est lourde de tension. Trouver une forme pour cette tension signifie : créer un monde imaginaire et y décrire le combat humain.
En associant l’approche du peintre avec l’amour de la musique, je pénètre progressivement dans le domaine de la poésie.
Juillet 1969
Ce texte a été initialement publié dans : Johan van der Keuken, Zien kijken filmen. Foto’s, teksten en interviews (Van Gennep: Amsterdam, 1980).
Image de L’enfant aveugle (Johan van der Keuken, 1964)